Un rapport récemment publié, intitulé «Chine 2025: le paysage de la R&I», dégage 16 facteurs déterminant l’environnement de la recherche et de l’innovation en Chine. Une méthodologie originale, utilisant le crowdsourcing, permet de faire apparaître quatre scénarios très différents. SJTU ParisTech Review a interviewé le principal auteur du rapport.
Les temps sont particulièrement difficiles pour les chercheurs d'aujourd'hui. Le mode de financement et les contraintes institutionnelles les amènent à travailler selon des contrats à court terme pour servir des intérêt commerciaux et à faire des promesses difficiles à tenir, comme on le voit avec les ordinateurs quantiques. Les scientifiques devraient se consacrer à la recherche fondamentale, cruciale pour trouver une réponse aux problèmes qui se posent dans le monde à long terme, nous dit Serge Haroche, prix Nobel de physique. Il prône un système de formation et de recherche combinant science et sciences humaines, encourageant la curiosité et l'enthousiasme pour la science, dans un climat favorable à l'imagination et à l'innovation.
L'Espagne est l'un des leaders mondiaux dans la recherche en biotechnologie, mais elle est en retard dans le transfert de technologie et la création de nouvelles entreprises. Le gouvernement espagnol espère changer la donne. Pour ce faire, il observe attentivement les biotechs israéliennes, une référence mondiale dans la création de start-ups. Jusqu'où doit-il s'en inspirer?
Les économies modernes ont un besoin crucial de chercheurs de haut niveau, mais elles ont du mal à leur offrir des emplois. À tel point que des interrogations se font jour sur la valeur réelle d'un doctorat, aussi bien pour la société dans son ensemble que pour ceux qui s'engagent dans ces études exigeantes. Y aurait-il une surproduction de docteurs? La question a été posée. Reformulée, elle ouvre sur de nouvelles perspectives.
Meilleure utilisation des ressources, réduction des déchets, sécurité améliorée... Les réacteurs de génération IV, présentés comme le futur de la filière nucléaire, suscitent beaucoup d'espoirs. Encore à l’étude, ils pourraient succéder un jour aux réacteurs de type EPR (« génération III »), eux-mêmes plus performants que les réacteurs à eau pressurisée du parc nucléaire actuel. Daniel Heuer travaille sur l'un des six concepts retenus en 2008 par le Forum international génération IV, qui a fixé les grandes orientations en la matière : le réacteur à sels fondus, associé au cycle thorium. Quels sont précisément les avantages de cette nouvelle technologie ? Va-t-elle trouver sa place dans la filière ?
En octobre 2012, l'Okinawa Institute of Science and Technology (OIST) accueillera ses premiers étudiants. Comment développe-t-on un centre d'excellence mondial dans la nature luxuriante d'une île subtropicale ? C'est une histoire de volonté politique, mais aussi d'intelligence stratégique. Une histoire japonaise, qui a consisté à ne rien faire comme les Japonais.
Le sénat américain vient d'adopter une loi réformant le système des brevets, sans apaiser les polémiques qui agitent depuis une dizaine d'années les milieux académiques et la Silicon Valley. Les brevets, considère-t-on généralement, permettent de soutenir l'innovation. Vraiment?
Le secteur énergétique mondial va devoir relever trois défis majeurs: sécurité d'approvisionnement face à des besoins croissants, lutte contre le changement climatique, urbanisation massive. L'électricité jouera un rôle clé car elle peut s'appuyer sur des méthodes de production émettant peu de gaz à effet de serre. Les technologies existent. La réussite dépendra de la capacité des politiques publiques à encourager l'innovation.
Tous les pays nucléaires affrontent la question épineuse du stockage des déchets. En France, les déchets les plus radioactifs seront stockés pendant un million d'années dans l'argile, dans une couche vieille de 150 millions d'années, longue de 130 mètres, à 500 mètres de profondeur, près de Bure, en Meuse. En 2016, une loi fixera les conditions de réversibilité du stockage. Entretien avec la française Marie-Claude Dupuis, directrice générale de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et présidente du comité de la gestion des déchets radioactifs de l'OCDE.
Dans le duel entre la technologie et la science, cette dernière a du mal. Les chercheurs modernes sont très liés à leur plateforme technologique et s'en inspirent pour conduire leurs recherches. Françoise Barré-Sinoussi suggère de revenir à l'ancienne méthode: à partir des données mondiales dont on dispose sur un sujet donné, proposer un concept ou une hypothèse scientifique et se demander ensuite de quelles technologies on a besoin pour y parvenir.
Comment apprécier la "distance" entre la recherche de base et les technologies de notre temps? Sommes-nous devant un fossé qui ne cesserait de se creuser ou au contraire serait-il en voie de comblement? Il est difficile de répondre de manière univoque à cette question: chacun trouvera pour y répondre des exemples destinés à justifier telle ou telle préconception. Peut-être une approche rétrospective nous permettra-t-elle d'éclairer un peu le débat.
Les dernières décennies ont vu un essor extraordinaire des sciences et techniques de la maîtrise des risques, de la gestion des crises. Et pourtant, un doute s'installe: et si nos références, nos compétences n'étaient plus les bonnes?
Les grandes crises sont bien sûr des moments où les statistiques sont intensément mobilisées pour exprimer la gravité de la situation. Mais elles sont aussi des moments de grands débats, lors desquels le rôle de l'Etat dans la régulation et le pilotage de l'économie est profondément repensé. A chacune de ces crises correspond l'émergence de façons nouvelles de quantifier le monde social. De nouveaux modèles d'action impliquent de nouvelles variables et de nouveaux systèmes d'observation.