L’austérité, et après ?

Photo Christine Lagarde / Directrice générale du FMI / April 4th, 2012

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Knowledge@Wharton

La crise de l'euro n'est pas terminée, et de son issue dépendra le futur de l'économie mondiale. Le Fonds monétaire international, redevenu un acteur majeur depuis que la crise financière a éclaté en 2007-2008, est lui-même engagé dans une redéfinition de ses missions et de son actionnariat. Sa directrice générale a accordé à Knowledge@Wharton et ParisTechReview une interview exclusive, abordant sans tabou les sujets les plus chauds du moment.

Knowledge@Wharton et ParisTech Review: Nous avons appris la semaine dernière que l’Italie et l’Irlande sont toutes deux à nouveau en récession. Quelles conséquences cela pourrait-il avoir? Après le retour à l’optimisme des derniers mois, faut-il à nouveau s’inquiéter pour l’économie mondiale?

Christine Lagarde: Dans le contexte de cette fragile reprise à laquelle nous assistons depuis janvier, nous avons toujours considéré que l’Europe et la zone euro en particulier passeraient par une légère récession. Les pays concernés aujourd’hui sont clairement l’Irlande, la Grèce, le Portugal et l’Italie. Mais cela n’est pas une surprise. Cela fait partie d’un processus que nous avions anticipé et intégré dans nos prévisions pour 2012.

A ce propos, l’austérité a été l’un des principaux leviers politiques utilisés en Europe pour faire face à la crise. Pensez-vous que les dirigeants européens sont allés trop loin dans la rigueur? Ne pourrait-on trouver un meilleur équilibre entre l’austérité et la relance?

Il est clair que si tout le monde mène des mesures d’austérité à la même allure, cela fait courir des risques à l’ensemble de la région. Ce que nous avons systématiquement préconisé, depuis plus de six mois, c’est qu’il devrait y avoir un équilibre adéquat dans la zone, en particulier entre les économies les plus avancées. Nous avons également besoin d’un bon équilibre entre les mesures d’austérité, qui sont nécessaires, et des mesures facilitant la croissance. Il n’est pas question de loger tout le monde à la même enseigne, d’imposer les mêmes politiques à tous. Certains pays peuvent se permettre de relâcher un peu les efforts d’austérité qu’ils avaient entrepris. D’autres ne peuvent pas assouplir les politiques de rigueur suivies jusqu’à présent. La Grèce, mais aussi l’Italie, sont assurément parmi les pays qui ne devraient pas relâcher leurs efforts.

Est-ce à dire que vous donnez un peu de latitude à l’Espagne?

Je ne peux pas vraiment raisonner en termes de latitude. Certains pays doivent mener une politique très, très brutale, pour réduire leur déficit et mettre de l’ordre dans leurs finances publiques. C’est clairement le cas de la périphérie du noyau de la zone euro. Vous avez ensuite des pays qui sont à peu près à l’équilibre et où vous pouvez simplement laisser jouer les stabilisateurs automatiques. Ils peuvent laisser croître les dépenses liées au système de protection sociale, et ne pas compenser la réduction des revenus due à leur situation économique. Et il y a enfin d’autres pays – pas beaucoup, malheureusement – qui peuvent ralentir le rythme, se détendre, et s’en remettre au retour de la croissance. Un ou deux grands pays européens pourraient sans doute regarder dans cette direction.

En d’autres termes, êtes-vous d’accord avec la façon dont on recherche les équilibres budgétaires en ce moment?

Pour ce qui est du diagnostic, je pense effectivement que l’austérité ne devrait pas être l’objet exclusif de l’attention. Cela ne devrait pas être le thème général sous-jacent de la politique économique dans toute la région. Je conviens aussi que la croissance est un facteur-clé, non seulement pour essayer de déclencher la reprise, mais aussi pour maintenir celle qui commence à se faire sentir dans certains pays. Sans elle, l’ensemble de l’exercice est extrêmement difficile.

Peut-on se permettre trop d’austérité à court terme, plutôt que des efforts mieux répartis vers le moyen et long terme?

Tout cela dépend de la situation. Il y a certains pays dans lesquels un ajustement brutal est nécessaire, s’ils veulent être en mesure de rebondir.

Vous avez dit que l’Europe doit renforcer son intégration et accroître la taille de ses pare-feu.

J’ai dit cela à un moment où personne ne semblait vraiment décider à se mettre autour de la table pour en discuter. Et maintenant…

Ils sont là.

Presque !

La question qui se pose aujourd’hui, c’est à quoi ressemble une plus grande intégration économique? Quels en seraient les objectifs à moyen et à long terme?

Cette relance de l’intégration est un développement récent. Elle était plus que nécessaire si l’on voulait consolider la zone monétaire. Nous avons vu récemment des éléments totalement inattendus, dont certains étaient presque inimaginables il y a encore 18 mois. Ce qui compte pour une meilleure intégration, c’est la combinaison d’une solide coordination budgétaire avec une véritable discipline imposée aux partenaires, y compris des sanctions qui ne sont pas seulement applicables en principe, mais qui sont effectivement appliquées si les règles sont violées.

Vous pensez aux ratios des déficits publics et de la dette par rapport au PIB?

Oui. Les Européens ont déjà ajouté quelques éléments à ce qui était déjà prévu dans le pacte de stabilité et de croissance, mais à ce stade les mesures pour s’assurer de la mise en œuvre restent insuffisantes. Ce qu’ils ont ajouté également, c’est une dimension préventive, ce qui peut effectivement être utile aux Etats membres engagés sur une trajectoire qui va les amener à violer les règles, comme les 3% de déficit et le 60% de dette par rapport au PIB. Donc, c’est une bonne chose.

En termes d’amélioration de l’intégration, une institution a joué un rôle majeur ces derniers temps: la Banque centrale européenne. Tout d’abord, elle a réduit le niveau de collatéral exigé en contrepartie de ses prêts, afin d’assurer un meilleur service aux Etats membres. Ensuite, la BCE a fourni beaucoup plus de liquidités aux banques, non seulement pour qu’elles puissent se financer, mais aussi pour qu’elles puissent prêter aux marchés et contribuent ainsi à éviter un processus de désendettement négatif dont personne ne veut.

L’intégration ultime qui serait souhaitable serait d’avoir une certaine forme de responsabilité solidaire. Cela pourrait être quelque chose comme les euro-obligations ou un instrument similaire qui permettrait aux pays de mettre en commun leurs emprunts. Les Européens n’en sont pas encore là. Je pense que certains d’entre eux devront d’abord améliorer leur situation et leur compétitivité. Ils devront rattraper les retards qu’ils ont subis ou qu’ils infligé eux-mêmes, parfois en faisant de mauvais choix, ou tout simplement en ne faisant rien. Une fois ce retard rattrapé, alors on peut espérer voir se mettre en place une plus grande intégration fiscale et une plus grande responsabilité conjointe.

On observe beaucoup de résistances sur cette question.

Oui, absolument.

L’idée d’euro-obligations en particulier fait frémir un certain nombre de dirigeants. Mais à vous suivre, si les membres de la zone euro pouvaient coopérer sur ces mesures, cela aiderait.

Même sur ce front, il y a eu des progrès énormes. Si vous regardez en arrière il y a 18 mois, à l’époque où le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker et le ministre italien des Finances Giulio Tremonti ont proposé l’émission d’euro-obligations dans une tribune du Financial Times, la chancelière allemande Angela Merkel y était fermement opposée. Or aujourd’hui sa position a évolué. Elle – ou son ministre des Finances – dit: «Eh bien, pas maintenant, mais à l’avenir, pourquoi pas? » Et cinq économistes allemands ont mis sur pied une proposition qui pourrait permettre d’avancer significativement vers une certaine responsabilité conjointe entre les membres. C’est un énorme changement.

Le FMI peut-il jouer un rôle pour contribuer à renforcer cette intégration? Ou est-ce quelque chose que les Européens devront faire seuls?

C’est un sujet qui est de leur ressort et qui leur appartient. Il doit être le leur. Ils doivent en avoir la propriété. Tout ce que nous pouvons faire, c’est identifier, démontrer avec nos équipes d’experts les avantages qu’il y a à le faire et les inconvénients à ne pas le faire.

Et peut-être contribuer à la stabilité des fonds qui pourraient permettre à l’intégration de se faire dans des conditions moins rudes?

Eh bien, nous allons faire partie du pare-feu, jusqu’à un certain point. Et le pare-feu n’est pas seulement une question européenne. Tous devront construire le leur, et j’espère que nous verrons des développements d’ici peu.

Le FMI est une institution multilatérale. Nous aurons à développer plus de puissance de feu afin d’être en mesure d’aider non seulement la zone euro, mais aussi n’importe quel pays en dehors de la zone euro qui pourrait être une victime collatérale de toute résurgence de la crise.

Revenons à la zone euro. Est-il possible à moyen et long terme de maintenir la monnaie commune sans aller plus loin dans l’intégration politique?

Il est difficile de lire dans l’avenir. Mais ce que nous pouvons dire, c’est que cela renforcerait certainement la zone monétaire, cela la rendrait beaucoup plus sûre et plus durable. Je ne sais pas s’il faut l’appeler « intégration politique », mais nous avons certainement besoin d’approfondir l’intégration économique et l’intégration fiscale.

En Espagne, le taux de chômage des jeunes est d’environ 50%. Vous vous êtes déjà exprimée sur ce sujet, et il est très important pour vous. Y a-t-il des politiques spécifiques qui peuvent aider à remédier à cette situation, autres que celles qui consisteraient à stimuler l’économie en général pour l’aider à récupérer?

Nous aimerions tous posséder une baguette magique qui nous permettrait de créer des emplois. Au fond, c’est ce que tout le monde veut faire. Il ne s’agit pas seulement de la croissance pour elle-même, il s’agit des emplois. L’enjeu, c’est aussi d’éviter que les gens descendent dans la rue: c’est de s’assurer qu’ils ont une chance de s’exprimer sur le marché du travail et qu’ils ont une dignité par le travail. Mais il n’y a pas de formule magique: on en revient toujours à stimuler la croissance, à favoriser une situation économique qui amène la création d’emplois. Mais il y a croissance et croissance. Nous avons connu, dans le passé, des situations de croissance sans emplois. La croissance ne bénéficie parfois qu’à une toute petite portion de la société, à une élite. Quand vous pensez à un pays comme l’Espagne, et de nombreux autres sont dans son cas, le vrai enjeu est de retrouver une croissance qui crée vraiment des emplois: une croissance suffisamment inclusive, qui contribue au vivre-ensemble.

… Et cela ne peut pas être simplement la croissance d’un seul secteur, comme le secteur de la finance, par exemple.

Absolument.

Venons-en au Fonds monétaire international. Comment voyez-vous son rôle évoluer dans le traitement des questions économiques mondiales au cours des prochaines années?

Ma préoccupation constante et mon ambition sont de faire en sorte que le FMI continue d’être pertinent pour ses membres. Pour qu’il le soit, il doit être représentatif de ses membres et donc crédible d’un point de vue institutionnel, et il doit être pertinent d’un point de vue qualitatif. Nous avons besoin à la fois de représenter nos membres, et nous avons besoin de fournir la qualité de conseil, la qualité de service, la qualité de l’assistance technique, la qualité de la surveillance, qui nous rendront constamment pertinents. Il s’agit d’une combinaison de la qualité et la crédibilité.

Le rôle du FMI est en pleine évolution, et nous devons être suffisamment agiles pour tirer les leçons de la crise. Par exemple, l’exercice traditionnel du FMI était de procéder à ce que nous appelons la consultation de l’Article 4. Ce sont des exercices bilatéraux qui consistaient à nous mettre à la place d’un pays, pour examiner si ses politiques économiques étaient la bonne combinaison et si nous pouvions recommander de meilleures solutions et d’autres options. Aujourd’hui, à l’occasion de la crise financière, nous sommes allés beaucoup plus loin dans la surveillance multilatérale en étudiant notamment les effets d’entraînement. La crise financière pourrait avoir touché un pays en particulier, mais elle affecte aussi de nombreux autres pays. Comment la contagion se produit-elle? En combien de temps va-t-elle contaminer le reste du monde? Pourquoi se propage-t-elle si vite à travers ces segments particuliers?

Ce sont des questions sur lesquelles le FMI peut apporter une valeur ajoutée, parce que nous disposons d’une énorme base de données qui nous fournit des connaissances et des informations sur les 187 membres de l’institution. L’accès à cette base nous permet de jouer ce rôle de surveillance, à partir d’une position qui est très privilégiée. Nous pouvons analyser, et ensuite nous pourrons montrer aux membres ce qui sera le plus utile pour eux.

Notre rôle a donc évolué, vers un intérêt plus marqué pour les aspects systémiques, vers une surveillance plus globale de la situation économique.

Et je pense aussi qu’il nous faut plus d’argent !

Comment le FMI peut-il renforcer sa crédibilité et la qualité de ses services?

Pour la crédibilité, la question est de représenter correctement l’institution, cela dépend notamment de notre allocation de quotas, de notre gouvernance. Le conseil exécutif actuel reflète-t-il la composition de l’institution? Nous devons représenter nos membres et nous devons ressembler à nos membres. Cela appelle notamment une plus grande diversité du personnel en termes de sexe, d’origine géographique, de modes de pensée et d’arrière-plan culturel. Cela peut aider à renforcer la crédibilité.

La qualité n’est pas un sous-ensemble, mais elle est étroitement liée à la question de la diversité. Le FMI doit avoir la capacité de réunir des personnes d’horizons différents, de différentes régions du monde pour affronter les problèmes. Je pense que c’est un gros test de la pertinence de l’institution.

Historiquement, le FMI a été dominé par les pays industrialisés occidentaux. Comment voyez-vous le rôle des BRICS, notamment la Chine et l’Inde, au sein du FMI?

Leur rôle est en train d’évoluer de manière significative. Cela reflète, comme je vous le disais pour la question de la crédibilité, l’évolution économique de ces pays. Cela se manifeste le mieux dans trois domaines. Le personnel tout d’abord: combien de personnes avons-nous dans l’institution qui viennent d’Inde ou de Chine? La question se pose à tous les niveaux de l’institution. Combien de managers viennent de Chine ou d’Inde? Nous en avons un assez grand nombre. J’ai récemment nommé le Secrétaire du Conseil, qui est un ressortissant chinois. Un de mes directeurs généraux délégués est chinois. Parmi les principaux dirigeants de cette institution, nous avons beaucoup de d’économistes indiens très talentueux, dont certains dirigent des départements clés comme celui de la stratégie.

Ensuite, vous avez un deuxième niveau, qui porte sur les quotas et les droits de vote. C’est un phénomène en évolution, parce que nous sommes en plein milieu de la réforme des quotas, qui va transférer 6% du quota actuel aux marchés émergents aux pays en développement, tout en protégeant les quotes-parts et droits de vote des membres les plus pauvres.

De toute évidence, les BRICS seront parmi les bénéficiaires de ces quotas supplémentaires, et le résultat de la réforme sera que chacun d’entre eux sera dans les 10 premiers pays de cette institution en termes de quotas.

Le troisième niveau, que je ne pense pas aussi essentiel, mais qui importe néanmoins, est de savoir si les BRICS siègeront au Conseil de l’institution. Il se trouve que c’est le cas, pour quatre d’entre eux en tout cas. Le Brésil y siège, tout comme la Russie, l’Inde et la Chine.

Quel rôle pourrait jouer le FMI pour contribuer à un meilleur équilibre entre les taux de change, par exemple, pour une éventuelle réévaluation du yuan par rapport au dollar américain et à l’euro?

C’est drôle que vous vous focalisiez exclusivement sur ces monnaies, parce que notre travail est d’évaluer le taux de change – et de donner notre opinion – pour les 187 membres de l’institution. Nous faisons cela par le biais de modélisation approprié, de collecte de données, de comparaison et en tenant compte des données multiples, y compris le compte courant. C’est une tâche ardue, car nous ne faisons pas que des heureux. Tout le monde se voit soit au-dessus, soit en-dessous, et notre évaluation n’est pas toujours bien reçue.

Mais nous la faisons sur la base de ce que nous savons, de ce que nous observons, de ce que nous pouvons compiler et modéliser. Nous sommes en train de mettre à jour et d’affiner notre méthodologie. Dans le courant de l’année, nous serons en mesure de présenter une nouvelle méthodologie et un nouveau modèle de l’évaluation des taux de change.

Le FMI réévaluera-t-il à la hausse la croissance prévue aux Etats-Unis, lors de la réunion de printemps? En ce moment la croissance prévue est de 1,8%.

Peut-être un peu, mais vous devrez être patient, parce que la réunion n’a lieu que dans trois semaines. Mais peut-être un peu. Il y a eu de bons signaux, avouons-le. Il y a eu de bons chiffres, en particulier sur le chômage et sur certains indicateurs à haute fréquence. Certaines des mesures prises, en particulier sur les marchés du logement, pourraient conduire à une amélioration significative de certains chiffres.

De tout ce que vous faites ici, qu’est-ce qui vous passionne le plus? Sur quel sujet êtes-vous le plus engagée?

Pas facile de vous répondre au débotté. Je pense que c’est cette question de la pertinence qui est une réelle préoccupation pour moi. Vous voyez, il s’agit d’une institution très fascinante parce qu’elle est complètement contra-cyclique. Quand le monde va mal, nous réussissons. Nous devenons très actifs parce que nous prêtons de l’argent, nous gagnons des intérêts et des frais et l’institution se porte bien. Quand le monde va bien et nous avons eu des années de croissance, comme ce fut le cas en 2006 et 2007, le FMI est à la peine, à la fois financièrement et sur d’autres plans.

Pour pérenniser cette institution, qui est un mélange fascinant de presque tous les pays du monde avec un seul objectif qui devrait transcender toutes leurs politiques et stratégies individuelles, nous devons être très agiles, très en contact avec nos membres, avec nos « clients », si vous voulez. Nous devons être en mesure d’inventer et de nous réinventer. De passer d’un rôle bilatéral à la surveillance multilatérale, d’une focalisation étroite à quelque chose qui est plus holistique. C’est exactement cela qui est en jeu.

Cette interview a été réalisée en partenariat avec notre partenaire Knowledge@Wharton, qui l’a publiée le 3 avril 2012 sous le titre Emerging Market Nations Will Get More Power in the IMF.

References

Online
  • Le site du Fonds monétaire international
  • Christine Lagarde à Davos en 2012 (vidéo)
  • E-bonds would end the crisis (Jean-Claude Juncker et Giulio Tremonti, Financial Times, 5 déc. 2010)

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