La crise de l'euro n'est pas terminée, et de son issue dépendra le futur de l'économie mondiale. Le Fonds monétaire international, redevenu un acteur majeur depuis que la crise financière a éclaté en 2007-2008, est lui-même engagé dans une redéfinition de ses missions et de son actionnariat. Sa directrice générale a accordé à Knowledge@Wharton et ParisTechReview une interview exclusive, abordant sans tabou les sujets les plus chauds du moment.
Ni la morale ni la théorie ne donnent cher du spéculateur contemporain. Ce cyclothymique n'est pas raisonnable: il confond la bourse et la roulette. La science économique peine à le comprendre, sauf à dire qu'il est guidé par le profit. Une théorie du spéculateur est pourtant possible.
La crise de la dette privée s'est transformée en crise de la dette publique. Pendant des années, une partie de la croissance mondiale avait été entretenue par le faible coût du crédit et un usage excessif de l'effet de levier. Le grand "deleveraging" a commencé. Pris à la gorge par leurs propres dettes, les Etats seront-ils capables de contrôler le désendettement des banques?
L'âge d'or du gaz est-il arrivé ? La réponse à cette question, posée par l'Agence Internationale de l'Energie en préambule de son dernier rapport sur le marché mondial de l'énergie, a toutes les chances d'être positive, tant les experts promettent à cette source d'énergie un brillant avenir. Les ressources non conventionnelles y sont pour beaucoup : aux Etats-Unis, le gaz de schiste en particulier a provoqué une véritable ruée vers l'or. Non sans causer de fortes inquiétudes pour l'environnement...
La crise financière a déclenché une vague de réglementation qui ne répond que partiellement aux défis révélés par cette crise. Les exigences imposées aux banques en matière de fonds propres et de liquidité sont limitées par le risque de freiner l'offre de financement et la croissance. Elles doivent être complétées par une autorité internationale, par une séparation plus nette entre risques de marché et risques de crédit et surtout par le renforcement en moyens et en niveau des autorités de contrôle.
Mi-février, le cours du cuivre a battu son record historique, à 10 157 dollars la tonne sur le London Metal Exchange. S'il est redescendu depuis à un niveau plus raisonnable, cette hausse qui concerne l'ensemble des matières premières et des sources d'énergie inquiète les industriels et les pouvoirs publics. Faut-il y voir un désordre passager ou une tendance durable? Une pénurie est-elle à craindre?
C'est l'autre versant de la mondialisation: dans le siècle à venir nous devrons régulièrement affronter des crises de grande ampleur exigeant une réponse urgente et coordonnée. L'existence de puissantes institutions comme l'Organisation mondiale de la santé ne règle pas tout, et dans nombre de cas ces institutions n'existent pas. Se pose dès lors la question d'inventer de nouveaux modèles de gestion de crise. C'était précisément l'enjeu d'un passionnant séminaire organisé à HEC Paris en novembre dernier, à partir de la crise des cendres volcaniques qui a paralysé l'espace aérien européen en avril 2010.
Les difficultés d'approvisionnement en énergie et les aléas climatiques soulèvent des questions et présentent des risques en termes de sécurité nationale, risques qui sont aujourd'hui mal formulés et mal compris. Cet article, adapté d'une présentation de Carol Dumaine au 8ème Forum International de la sécurité de Genève, met en lumière ces points délicats et prône la mise en place d'une structure commune sur les enjeux liés à la sécurité, qui permette de mieux faire face aux changements en marche à l'échelle mondiale.
Les dernières décennies ont vu un essor extraordinaire des sciences et techniques de la maîtrise des risques, de la gestion des crises. Et pourtant, un doute s'installe: et si nos références, nos compétences n'étaient plus les bonnes?
Les grandes crises sont bien sûr des moments où les statistiques sont intensément mobilisées pour exprimer la gravité de la situation. Mais elles sont aussi des moments de grands débats, lors desquels le rôle de l'Etat dans la régulation et le pilotage de l'économie est profondément repensé. A chacune de ces crises correspond l'émergence de façons nouvelles de quantifier le monde social. De nouveaux modèles d'action impliquent de nouvelles variables et de nouveaux systèmes d'observation.
Le trading automatique à haute fréquence contrôle de plus en plus les marchés. La plupart des analystes sont d'accord pour dire qu'il augmente la liquidité des flux financiers et réduit leurs coûts pour chacun des acteurs. Certains sont cependant plus critiques : limiter ainsi l'intervention humaine au bricolage d'algorithmes a posteriori par quelques mathématiciens a généré selon eux des risques systémiques nouveaux et encore mal connus, qui représentent un danger encore plus grand pour la stabilité des marchés.
Prédire l'avenir n'est pas donné à tout le monde : beaucoup ont essayé, peu y sont parvenus. Paul le poulpe, qui a annoncé les résultats de tous les matchs de l'équipe allemande lors de la coupe du monde et la victoire de l'Espagne contre les Pays-Bas lors de la finale, est l'un d'entre eux. Les trois penseurs interrogés pour cet article font aussi partie du lot: tous les trois ont prédit la crise américaine des années avant qu'elle ne survienne. Alors que réserve le futur pour les Etats-Unis? Ils espèrent que le pays pourra réformer son système politique et financier et coopérer davantage avec l'Europe et le reste du monde, mais craignent que les intérêts des uns et des autres ne viennent troubler cette perspective. Une chose est certaine: le régime international de changes flottants est amené à disparaître prochainement, peut-être dès cet automne.
La crise s'est révélée avec la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. Une mobilisation sans précédent des chefs d'Etats n'a pas empêché la contraction du crédit à l'échelle mondiale, la récession et la faillite d'économies développées considérées à tort comme solides. Aujourd'hui, la quasi-faillite de la Grèce, les problèmes rencontrés par d'autres pays européens et les mesures exceptionnelles mises en place par l'Europe posent la question : n'est-ce pas une crise structurelle signant la faillite d'un modèle ? Hommes de terrain, économistes, philosophes et anthropologues ont analysé pour ParisTech Review la crise, sa nature passagère ou profonde, ses origines et son issue.
Dans un entretien avec ParisTech Review, Claude Bébéar, le Président d'Honneur et ancien Président-directeur général d'Axa, explique pourquoi il croit que les crises financières - comme la crise actuelle du crédit et du marché hypothécaire - sont inévitables à cause de la cupidité des acteurs des marchés. Il défend également une vaste réforme des systèmes de rémunération, en particulier des dirigeants. Et il discute enfin de manière iconoclaste d'une série de sujets parmi lesquels les droits de vote des actionnaires et leurs dividendes, les ventes à court-terme, les LBO, les paradis fiscaux ou encore la nationalisation des banques.
Au cours des prochaines années, une immense bulle "verte" de marché verra le jour alimentée par la peur omniprésente du réchauffement climatique, la crainte d'un monde sans pétrole, et les politiques publiques américaines. Les sociétés qui n'auront pas investi suffisamment dans l'"économie verte" feront face à des difficultés sans cesse croissantes à mesure que les ressources, y compris les capitaux, commenceront à leur échapper et à aller vers les entreprises vertes. C'est pourquoi les dirigeants doivent parvenir à des réductions importantes d'émissions de carbone afin de se préparer à ce changement qui va s'opérer dans le monde des affaires.